Une multitude d’affections physiques et mentales courantes sont fortement liées à la consommation de sucre raffiné pur.
POURQUOI LE SUCRE EST-IL TOXIQUE POUR LE CORPS ?
En 1957, le docteur William Coda Martin a tenté de répondre à cette question : » quand un aliment est-il vraiment un aliment et quand est-il un poison ? » La définition du mot » poison » d’après laquelle il travaillait était : » d’un point de vue médical : toute substance à laquelle est exposé le corps, substance ingérée ou développée à l’intérieur du corps, provoquant ou pouvant provoquer une maladie. D’un point de vue physique : toute substance inhibant l’activité d’un catalyseur, un catalyseur étant une substance mineure, une substance chimique ou un enzyme qui active une réaction. »1 Le dictionnaire donne une définition encore plus large du mot » empoisonner » : » exercer une influence nocive ou dénaturer » .
Le docteur Martin a classé le sucre raffiné dans la catégorie des poisons parce qu’on l’a dépourvu de ses forces vitales, de ses vitamines et de ses minéraux. » Ce qui reste se compose de glucides raffinés, purs. Le corps ne peut utiliser cet amidon et ce glucide raffiné que si les protéines, les vitamines et les minéraux qui ont été supprimés sont présents. La nature apporte ces éléments en quantité suffisante dans chaque plante pour métaboliser le glucide de chacune de ces plantes particulières.
Il n’y a aucun excédent pour des glucides supplémentaires. Un métabolisme incomplet du glucide provoque la formation de métabolite toxique comme l’acide pyruvique et de sucres anormaux possédant cinq atomes de carbone. L’acide pyruvique s’accumule dans le cerveau et le système nerveux et les sucres anormaux s’accumulent dans les globules rouges. Ces métabolites toxiques entravent la respiration des cellules. Elles ne peuvent pas obtenir suffisamment d’oxygène pour survivre et fonctionner normalement. A la longue, certaines cellules meurent. Ceci entrave le fonctionnement d’une partie du corps et c’est le début d’une maladie dégénérative. « 2
Le sucre raffiné est mortel pour les êtres humains qui l’ingèrent parce que les seules choses qu’il apporte sont ce que les nutritionnistes décrivent comme des calories » vides » ou » dépouillées « . Il lui manque les minéraux naturels qui sont présents dans la betterave à sucre ou la canne à sucre. De plus, prendre du sucre est pire que de ne rien prendre, parce que le sucre vide et prive le corps de vitamines et de minéraux précieux, en raison des exigences que sa digestion, sa désintoxication et son élimination imposent à notre système tout entier.
L’équilibre est si important pour notre corps que nous avons plusieurs façons de compenser le choc soudain d’une importante absorption de sucre. Des minéraux tels que le sodium (issu du sel), le potassium et le magnésium (issus des légumes), et le calcium (issu des os) sont mobilisés et utilisés lors de la transmutation chimique ; on produit des acides neutres qui tentent de ramener le facteur d’équilibre entre les liquides acides et alcalins du sang à un niveau plus normal.
La consommation quotidienne de sucre produit un excès permanent d’acidité, et il est nécessaire de puiser de plus en plus de minéraux au plus profond du corps pour tenter de corriger ce déséquilibre. En fin de compte, afin de protéger le sang, tant de calcium est puisé dans les os et les dents que ceux-ci se détériorent et qu’un affaiblissement général commence à se faire sentir. Un excès de sucre finit par affecter chaque organe du corps.
Au départ, il est emmagasiné dans le foie sous forme de glucose (glycogène). La capacité du foie étant limitée, une consommation quotidienne de sucre raffiné (au- delà de la quantité de sucre naturel nécessaire) fait bientôt gonfler le foie comme un ballon. Lorsque le foie est plein au maximum de sa capacité, l’excès de glycogène retourne dans le sang sous forme d’acides gras. Ceux-ci sont emmenés dans chaque partie du corps et emmagasinés dans les zones les plus inactives : le ventre, les fesses, les seins et les cuisses.
Lorsque ces endroits relativement inoffensifs sont complètement pleins, les acides gras sont alors répartis parmi les organes actifs, comme le cœur et les reins. Ceux-ci commencent à fonctionner au ralenti ; leurs tissus finissent par dégénérer et par se transformer en graisse. Le corps tout entier souffre de la diminution de leur capacité, et une tension artérielle anormale apparaît. Le système nerveux parasympathique est affecté ; et les organes qu’il gouverne, comme le cervelet, deviennent inactifs ou se paralysent. (On considère rarement la fonction cérébrale ordinaire comme aussi biologique que la digestion). Les systèmes circulatoires et lymphatiques sont envahis, et la qualité des globules rouges commence à changer. Il se produit une surabondance de globules blancs, et la création de tissus se ralentit.
La capacité de tolérance et d’immunisation de notre corps devient plus limitée, par conséquent nous ne pouvons pas réagir correctement face à des attaques sévères, que ce soit le froid, la chaleur, les moustiques ou les microbes.
Un excès de sucre a un effet très nocif sur le fonctionnement du cerveau. La clé d’une fonction cérébrale bien réglée est l’acide glutamique, composé vital que l’on trouve dans de nombreux légumes. Les vitamines B jouent un rôle majeur dans la décomposition de l’acide glutamique en composés antagonistes complémentaires qui provoquent une réaction de » continuation » ou de » contrôle » dans le cerveau. Les vitamines B sont aussi fabriquées par des bactéries symbiotiques qui vivent dans nos intestins. Lorsque l’on consomme du sucre raffiné tous les jours, ces bactéries s’affaiblissent et meurent, et notre réserve en vitamines B descend très bas. Trop de sucre nous rend somnolents ; nous perdons nos facultés de calcul et de mémoire.
LE SUCRE : NOCIF POUR LES ETRES HUMAINS ET POUR LES ANIMAUX
Les marins naufragés qui n’ont mangé et bu que du sucre et du rhum pendant neuf jours ont sûrement souffert de certains aspects de ce traumatisme ; les récits qu’ils ont dû faire ont créé un gros problème de relations publiques pour les vendeurs de sucre.
L’incident s’est produit lorsqu’un vaisseau transportant une cargaison de sucre a fait naufrage en 1793. Les cinq marins survivants ont fini par être secourus après s’être sentis abandonnés pendant neuf jours. Ils étaient décharnés parce qu’ils ne s’étaient pas alimentés, n’ayant rien consommé d’autre que du sucre et du rhum.
Cet incident a incité l’éminent physiologiste français F. Magendie à réaliser une série d’expériences sur des animaux, dont il a publié les résultats en 1816. Lors de ces expériences, il a fait suivre aux chiens un régime alimentaire fait de sucre ou d’huile d’olive et d’eau. Tous les chiens ont dépéri et sont morts.
Les marins naufragés et les chiens des expériences du physiologiste français ont prouvé la même chose. Comme aliment régulier, prendre du sucre est pire que de ne rien prendre. De l’eau pure peut vous maintenir en vie pendant quelque temps. Du sucre et de l’eau peuvent vous tuer. Les êtres humains [et les animaux] sont » incapables de subsister en ne se nourrissant que de sucre « .4
La mort des chiens dans le laboratoire du professeur Magendie a alerté l’industrie du sucre sur les risques des enquêtes scientifiques indépendantes. A partir de ce jour et jusqu’à aujourd’hui, l’industrie du sucre a investi des millions de dollars pour subventionner discrètement la science. On a engagé les plus grands noms de la science que l’argent pouvait acheter, dans l’espoir qu’ils pourraient un jour proposer quelque chose d’au moins pseudo- scientifique pour redorer l’image du sucre.
On a prouvé, cependant, que (1) le sucre est un facteur majeur de détérioration des dents ; (2) le sucre dans l’alimentation d’une personne provoque réellement un excès de poids ; (3) la suppression de sucre dans des régimes a guéri certains symptômes de maladies universelles qui laissaient les patients très diminués, comme le diabète, le cancer et les maladies cardiaques. Sir Frederick Banting, celui qui a codécouvert l’insuline, a remarqué en 1921 au Panama que, parmi les propriétaires des plantations de sucre qui mangeaient de grandes quan-tités de leur produit raffiné, le diabète était chose courante.
Parmi les coupeurs de canne indigènes, qui ne faisaient que mâcher la canne brute, il ne vit pas de cas de diabète.
Cependant, les tentatives des fabricants de sucre en matière de relations publiques ont commencé en Grande-Bretagne en 1808 lorsque le Comité des Indes Occidentales a rapporté à la Chambre des Communes que l’on avait offert une récompense de vingt-cinq guinées à toute personne capable de proposer les expériences les plus » satisfaisantes » pour prouver que le sucre non raffiné était bon pour nourrir et engraisser les bœufs, les vaches, les porcs et les moutons.5 La nourriture pour animaux dépend souvent des saisons, elle est toujours chère. Le sucre, à ce moment-là, était très bon marché. Les gens ne le consommaient pas assez vite.
Naturellement, en 1808, la tentative consistant à nourrir le bétail avec du sucre et de la mélasse fut un désastre en Angleterre. Lorsque le Comité des Indes Occidentales fit son quatrième rapport à la Chambre des Communes, un des membres du Parlement, John Curwin, rapporta qu’il avait essayé de nourrir des veaux avec du sucre et de la mélasse mais que cela avait échoué. Il suggéra que peut-être quelqu’un devrait réessayer en glissant discrètement du sucre et de la mélasse dans du lait écrémé. Si cela avait donné un résultat positif, vous pouvez être sûrs que les marchands de sucre des Indes Occidentales auraient répandu la nouvelle dans le monde entier. Après ce manque singulier de succès dans leur tentative de mettre du sucre dans les pâturages des vaches, les marchands de sucre des Indes Occidentales ont abandonné.
Doté d’une ardeur inébranlable pour augmenter la demande du marché vis-à-vis du produit agricole le plus important des Antilles, le Comité des Indes Occidentales en fut réduit à utiliser une tactique qui sert les vendeurs de sucre depuis presque 200 ans : des témoignages non pertinents et clairement stupides venant de très loin, des gens inaccessibles avec des sortes de références » scientifiques « . Un ancien commentateur les a qualifiés de » consciences soudoyées « .
Le comité de la Chambre des Communes avait tellement de mal à trouver des défenseurs locaux du sucre qu’il en a été réduit à citer un docteur de la lointaine ville de Philadelphie, chef de la récente rébellion coloniale américaine : » On rapporte que le grand docteur Rush de Philadelphie a dit que le sucre contient plus de nutriments dans une même masse que n’importe quelle autre substance connue. » (L’emphase a été rajoutée). Dans un même temps, ce même docteur Rush prêchait que la masturbation était la cause de la folie ! Si on citait une affirmation aussi ambiguë que celle-ci, on peut être sûr qu’on ne trouverait aucun vétérinaire en Grande-Bretagne qui recommanderait le sucre pour soigner et nourrir les vaches, les porcs ou les moutons.
En préparant son mémorable volume, A History of Nutrition [Histoire de la nutrition], publié en 1957, le professeur B. V. McCollum (de l’Université Johns Hopkins), parfois qualifié de plus grand nutritionniste d’Amérique et certainement pionnier dans ce domaine, a passé en revue approximativement 200 000 brochures scientifiques publiées, répertoriant des expériences avec les aliments, leurs propriétés, leur utilisation et leurs effets sur les animaux et les hommes. Les documents couvraient la période allant du milieu du XVIIIesiècle jusqu’en 1940. A partir de ce grand répertoire d’enquêtes scientifiques, McCollum a choisi les expériences qu’il considérait comme significatives » pour relater l’histoire du progrès en découvrant l’erreur humaine dans cette branche de la science [de la nutrition]. »
Le professeur McCollum n’a pas réussi à faire état d’une seule expérience sur le sucre scientifiquement contrôlée entre 1816 et 1940.
Malheureusement, nous devons nous rappeler que depuis toujours les scientifiques n’accomplissent peu de choses que s’ils ne sont pas parrainés. Les protocoles de la science moderne ont aggravé les frais de l’enquête scientifique.
Nous ne devons pas nous étonner lorsque nous lisons l’introduction de A History of Nutrition de McCollum et découvrons que » L’auteur et les éditeurs remercient la Fondation pour la Nutrition, pour la subvention qu’elle leur a accordée afin de couvrir une partie des frais de publication de ce livre « . Vous pourriez demander : » Qu’est la Fondation pour la Nutrition ? » L’auteur et les éditeurs ne vous le disent pas. Cela s’avère être une organisation pour les grands conglomérats vendeurs de sucre de l’industrie alimentaire, englobant la Compagnie américaine de Raffinage du Sucre, Coca-Cola, Pepsi-Cola, la société Curtis Candy, General Foods, General Mills, la société Nestlé, la société Pet Milk et Sunshine Biscuits – environ 45 sociétés en tout.
La chose la plus significative concernant le travail en 1957 de McCollum a peut-être été ce qu’il a laissé à l’écart : une œuvre antérieure monumentale décrite par un éminent professeur d’Harvard comme » l’un de ces travaux de recherche mémorables, faisant que tout autre chercheur se mord les doigts de n’avoir jamais pensé à faire la même chose « . Dans les années 1930, un dentiste, également chercheur, de Cleveland, dans l’Ohio, le docteur Weston A. Price, a voyagé dans le monde entier – depuis les terres des Esquimaux jusqu’en Océanie, depuis l’Afrique jusqu’en Nouvelle Zélande. Son livre Nutrition and Physical Degeneration : A Comparison of Primitive and Modern Diets and Their Effects [Nutrition et dégénérescence physique : comparaison des régimes modernes et primitifs et de leurs conséquences], 6 qui est illustré par des centaines de photographies, a été publié pour la première fois en 1939.
Le monde entier a servi de laboratoire au docteur Price. Sa conclusion dévastatrice, consignée avec des détails horrifiants région après région, était simple. Les gens vivant dans des conditions primitives soi-disant arriérées avaient une excellente dentition et jouissaient d’une excellente santé. Ils mangeaient des aliments naturels non raffinés issus de leur production locale. Dès que des aliments sucrés, raffinés, furent importés suite à un contact avec la » civilisation « , la dégénérescence physique débuta d’une façon nettement observable en une seule génération.
Toute la crédibilité que peuvent avoir les vendeurs de sucre se base sur notre ignorance de travaux comme celui du docteur Price. Les fabricants de sucre ne cessent de faire des essais, d’avoir de l’espoir et de distribuer de généreuses bourses de recherche aux grandes écoles et aux universités ; mais les laboratoires de recherche ne proposent jamais rien de solide qui puisse être utilisé par les fabricants. Invariablement, les résultats des recherches sont mauvais.
» Allons vers le sauvage ignorant, examinons la façon dont il se nourrit et faisons preuve de sagesse « , a dit le professeur d’Harvard Ernest Hooten dans Apes, Men, and Morons [Des Singes, des Hommes et des Idiots].7 » Cessons de prétendre que les brosses à dents et le dentifrice sont plus importants que les brosses à chaussures et le cirage. Ce sont les aliments emmagasinés qui nous ont donné des dents solides. »
Lorsque les chercheurs sont d’une ingratitude monstrueuse envers ceux qui les parrainent, et que cela se sait, cela devient gênant. En 1958, le Time magazine a rapporté qu’un biochimiste d’Harvard et ses assistants avaient travaillé sur des myriades de souris pendant plus de dix ans. La Fondation pour la Recherche sur le Sucre, SARL, avait apporté jusqu’à 57000 dollars pour financer ces travaux, destinés à découvrir comment le sucre provoque des caries et comment empêcher cela. Il a fallu dix ans aux chercheurs pour découvrir qu’il n’y avait aucune façon d’empêcher que le sucre ne détériore les dents. Lorsqu’ils ont communiqué leurs découvertes dans le Dental Association Journal [Journal de l’Association des Dentistes], leur source financière s’est tarie. La Fondation pour la Recherche sur le Sucre n’a pas renouvelé son soutien. Plus les scientifiques les décevaient, plus les vendeurs de sucre devaient compter sur les publicitaires.
LE SACCHAROSE : DE L’ENERGIE « PURE » A UN SACRE PRIX
Lorsque les calories sont devenues à la mode dans les années 1920, et que tout le monde apprenait à les compter, les vendeurs de sucre sont arrivés avec un nouveau boniment. Ils se vantaient du fait qu’il y avait 2500 calories dans 450 grammes de sucre. Un peu plus de 100 grammes de sucre devaient apporter 20 pour cent du quota journalier total.
« Si vous pouviez acheter toute l’énergie de vos aliments à un prix aussi bas que celui auquel vous achetez les calories dans le sucre », nous disaient-ils, « votre budget alimentaire pour l’année serait très bas. Si le sucre coûtait sept cents les 450 grammes, cela vous coûterait moins de 35 dollars pour toute une année. »
Une façon très bon marché de vous tuer.
« Bien sûr, nous ne nous nourrissons pas de façon aussi déséquilibrée, » ont-ils admis plus tard. « Mais ce chiffre sert à montrer du doigt à quel point le sucre est un aliment énergétique bon marché. Ce qui n’était autrefois qu’un luxe dont seuls quelques privilégiés pouvaient profiter est maintenant un aliment pour les gens les plus pauvres. »
Plus tard, les vendeurs de sucre ont clamé que le sucre était chimiquement pur, dépassant dans ce domaine le savon Ivoire, étant pur à 99,9 pour cent contre 99,44 pour cent pour le savon Ivoire. « Aucun aliment de notre alimentation quotidienne n’est plus pur, » nous a-t-on assuré.
Que voulaient-ils dire par pureté, en plus du fait indiscutable que toutes les vitamines, tous les minéraux, les sels, les fibres et les protéines avaient été enlevés dans ce processus de raffinage ? Et bien, les vendeurs de sucre ont présenté la pureté sous un jour nouveau.
« Vous n’avez pas à le trier comme des haricots, à le laver comme du riz. Tous les cristaux sont pareils. Son utilisation n’implique aucun gaspillage. Aucun os mutile comme dans la viande, aucun marc comme dans le café. »
« Pur » est un des adjectifs favoris des vendeurs de sucre parce que cela signifie une chose pour les chimistes et autre chose pour les simples mortels. Lorsqu’on étiquette le miel comme « pur », ceci signifie qu’il se trouve dans son état naturel (directement dérobé aux abeilles qui l’ont fabrique), sans avoir été frelaté avec du saccharose et sans qu’aucun résidu chimique nocif n’ait pu être vaporisé sur les fleurs.
Ceci ne signifie pas que le miel est dénué de minéraux tels que l’iode, le fer, le calcium, le phosphore ou de nombreuses vitamines. Le processus de purification que subissent la canne à dans les raffineries est si efficace que le sucre finit par être aussi pur sur le plan chimique que la morphine ou l’héroïne que possède un chimiste sur les étagères de son laboratoire. La vertu nutritionnelle que représente cette pureté chimique abstraite, les vendeurs de sucre n’en parlent jamais.
A partir de la première guerre mondiale, les vendeurs de sucre ont enrobé leur propagande dans un boniment préparatoire. « Les diététiciens connaissent la forte valeur nutritionnelle du sucre depuis longtemps, » disait un tract commercial des années 1920. « Mais il a fallu la première guerre mondiale pour qu’elle apparaisse clairement. La force énergétique du sucre atteint les muscles en quelques minutes et il était précieux d’en donner une ration aux soldats juste avant de lancer une attaque. » Les vendeurs de sucre nous rebattent les oreilles de la force énergétique du saccharose depuis des années parce qu’elle ne contient rien d’autre. Une énergie calorique et un goût qui crée une accoutumance : voilà ce que comporte le saccharose, et rien d’autre.
Tous les autres aliments contiennent des « plus » énergétiques. Tous les aliments contiennent quelques nutriments sous la forme de protéines, de glucides, de vitamines ou de minéraux, ou de tout cela à la fois. Le saccharose contient de l’énergie calorique, point.
L’apport « rapide » d’énergie que mettent en avant les vendeurs de sucre, qui pousse des soldats réticents à monter à l’assaut et fait grimper les enfants aux murs, se base sur le fait que le saccharose raffiné n’est pas digéré dans la bouche ou l’estomac mais passe directement dans les intestins et de là dans le sang. En plus, la vitesse avec laquelle le saccharose entre dans le sang fait plus de mal que de bien.
Une grande partie de la confusion publique au sujet du sucre raffiné est aggravée par le langage. Les sucres sont classés par les chimistes dans la catégorie des « glucides ».
Ce mot créé de toutes pièces signifie « une substance contenant du carbone avec de l’oxygène et de l’hydrogène ». Si les chimistes veulent employer ces termes hermétiques lorsqu’ils parlent entre eux dans leur laboratoire, c’est très bien. L’emploi du mot « glucide » en-dehors du laboratoire — en particulier dans l’étiquetage des aliments et le jargon publicitaire — pour décrire à la fois des grains de céréales naturels, complets (qui sont un aliment principal de l’humanité depuis des milliers d’années) et le sucre raffiné par l’homme (qui est une drogue fabriquée et un poison majeur de l’humanité depuis seulement une centaine d’années) est manifestement pernicieux. Ce genre de confusion rend possible les balivernes prêchées par les vendeurs de sucre pour faire croire aux mères anxieuses que leurs petits ont besoin de sucre pour survivre.
En 1973, la Fondation pour l’Information sur le Sucre a placé des publicités d’une page entière dans les magazines nationaux. En realité, les annonces étaient des rétractations déguisées qu’ils ont été obligés de faire lors d’une retraite stratégique faisant suite à une lutte interminable avec la Commission Fédérale du Commerce, au sujet d’une campagne publicitaire antérieure affirmant qu’une petite dose de sucre avant les repas « freinerait » l’appétit. « Vous avez besoin de glucides. Et il s’avère alors que le sucre est le glucide le plus savoureux. » Vous pourriez aussi bien dire que tout le monde a besoin de liquide chaque jour. Il s’avère alors que beaucoup de gens trouvent que le Champagne est le liquide le plus savoureux.
Combien de temps l’Union Chrétienne Antialcoolique des Femmes laisserait le lobby de la liqueur s’en tirer indemne avec ce slogan ?
L’emploi du mot « glucide » pour décrire le sucre est délibérément trompeur. Depuis que l’on a exigé un meilleur étiquetage des propriétés nutritionnelles sur les emballages et les boîtes de conserve, les glucides raffinés tels que le sucre sont mis dans la même catégorie que les glucides qui peuvent être raffinés ou pas. Les différents types de glucides sont ajoutés les uns aux autres pour obtenir le nombre total de glucides. Ainsi, l’étiquette a pour effet de cacher la teneur en sucre à l’acheteur sans méfiance.
Les chimistes ajoutent à la confusion en employant le mot « sucre » pour décrire tout un groupe de substances qui sont similaires mais pas identiques.
Le glucose est un sucre que l’on trouve généralement avec d’autres sucres, dans les fruits et les légumes. C’est un élément clé du métabolisme de toutes les plantes et de tous les animaux. Un grand nombre de nos aliments principaux se transforment en glucose dans notre corps. Le glucose est toujours présent dans notre sang, et on l’appelle souvent « sucre du sang ».
Le dextrose, aussi appelé « sucre du maïs », est tiré de façon synthétique de l’amidon. Le fructose est le sucre des fruits. Le maltose est le sucre du malt. Le lactose est le sucre du lait. Le saccharose est du sucre raffiné fabriqué à partir de la canne à sucre et de la betterave à sucre.
Le glucose a toujours été un élément essentiel du sang humain. L’ajout de saccharose est quelque chose de nouveau dans l’histoire de l’homme. Employer le mot « sucre » pour décrire deux substances qui sont loin d’être identiques, qui ont des structures chimiques différentes et qui affectent le corps de façon profondément différente, aggrave la confusion.
Cela rend possible davantage de balivernes de la part des vendeurs de sucre qui nous disent combien le sucre est important en tant que composant essentiel du corps humain, comment il s’oxyde pour produire de l’énergie, comment il se métabolise pour produire de la chaleur, etc.
Ils parlent du glucose, bien entendu, qui est fabriqué dans notre corps.
Cependant on est amené à croire que les fabricants parlent du saccharose qui est fabriqué dans leurs raffineries. Lorsque le mot « sucre » peut désigner aussi bien le glucose de votre corps que le saccharose de votre Coca-Cola, c’est formidable pour les vendeurs de sucre mais ce n’est pas marrant pour tous les autres.
On a embobiné les gens pour qu’ils pensent à leur corps comme ils pensent à leur compte-chèques. S’ils s’imaginent que leur taux de sucre dans le sang est bas, ils sont conditionnés pour tirer des sucreries et des sodas à des distributeurs automatiques, afin d’augmenter leur taux de sucre dans le sang. En réalité, ceci est la pire chose à faire.
Le taux de glucose dans le sang a tendance à être bas parce qu’ils sont adeptes du saccharose. Les gens qui renoncent à leur penchant pour le saccharose et qui le suppriment découvrent que leur taux de glucose dans le sang redevient normal et se stabilise.
Depuis la fin des années 1960, des millions d’Américains sont revenus à une alimentation naturelle.
Un nouveau type de magasin, le magasin d’aliments naturels, a encouragé beaucoup de gens à fuir les supermarchés. Une alimentation naturelle peut contribuer à vous faire retrouver la santé. De nombreuses personnes, par conséquent, en sont venus à assimiler le mot « naturel » au mot « sain ». Les vendeurs de sucre ont alors commencé à pervertir le mot « naturel » afin de tromper le public.
- « Fabriqué à partir d’éléments naturels », nous disent les vendeurs de sucre à la télévision, produit après produit. On n’accentue pas le mot « à partir de » à la télévision. On le devrait. Même le sucre raffiné est fabriqué à partir d’éléments naturels. Cela n’a rien de nouveau. Les ingrédients naturels sont la canne et la betterave.
Mais ce mot « à partir de » ne suggère guère que 90 pour cent de la canne et de la betterave ont été enlevés. On pourrait aussi faire la publicité pour l’héroïne en affirmant qu’elle est fabriquée à partir d’éléments naturels. Le pavot d’opium est aussi naturel que la betterave à sucre. C’est l’usage que l’homme en fait qui en fait ce qu’il est.
Si vous voulez éviter le sucre au supermarché, il n’y a qu’un seul moyen. N’achetez rien sauf si l’étiquette indique en gros : « Sans sucre ajouté ». L’emploi du mot « glucide » en tant que mot « scientifique » pour désigner le sucre est devenu une stratégie de défense classique chez les vendeurs de sucre et beaucoup de médecins qui en font l’apologie. C’est leur dispositif de sécurité.
BIEN ASSOCIER LES ALIMENTS
Que ce soit des céréales sucrées ou des pâtisseries et un café noir au petit déjeuner, que ce soit des hamburgers et du Coca-Cola au dejeuner ou le dîner « gastronomique » complet du soir, d’un point de vue chimique, l’alimentation d’un Américain moyen est une formule qui garantit des gargouillis et des troubles de l’estomac.
A moins que vous n’ayez pris trop d’insuline et, que dans un état de choc insulinique, vous n’ayez besoin de sucre comme antidote, presque personne n’a jamais de bonne raison de consommer du sucre seul. Les hommes ont besoin de sucre comme de la nicotine dans le tabac. En avoir un besoin maladif est une chose — en avoir réellement besoin en est une autre. Depuis les temps de l’empire perse jusqu’à aujourd’hui, on s’est généralement servi du sucre pour relever la saveur d’autres aliments et de boissons, comme ingrédient dans la cuisine ou comme condiment sur la table. Laissons pour l’instant de côté les effets connus du sucre (à long terme et à court terme) sur le système tout entier et concentrons-nous sur les effets du sucre pris en association avec d’autres aliments quotidiens.
Lorsque votre grand-mère vous avertissait que des gâteaux sucrés avant les repas « gâcheraient votre souper », elle savait de quoi elle parlait. Son explication aurait pu ne pas satisfaire un chimiste mais, de même que de nombreux axiomes traditionnels issus de la loi mosaïque sur la nourriture kasher et la séparation des aliments dans la cuisine, de telles règles se basent sur des années d’expériences et d’erreurs et elles ont tendance à être absolument exactes.
La plupart des recherches modernes en matière d’association d’aliments sont une découverte laborieuse des choses que votre grand-mère considérait comme allant de soi.
Tout régime entrepris dans le seul but de perdre du poids est dangereux, par définition. Dans l’Amérique du XXe siècle, on parle de l’obésité comme d’une maladie et on la traite en tant que telle. L’obésité n’est pas une maladie. Ce n’est qu’un symptôme, un signe, un avertissement indiquant que votre corps ne fonctionne pas correctement.
Suivre un régime pour perdre du poids est aussi stupide et dangereux que prendre de l’aspirine pour soulager un mal de tête avant d’en connaître la cause. Se débarrasser d’un symptôme c’est comme débrancher une alarme. La cause première reste intacte.
Tout régime entrepris dans un but autre que celui de retrouver la santé parfaite de votre corps est dangereux. De nombreuses personnes ayant des kilos en trop sont sous-alimentées. (Le docteur Curtis Wood souligne ce point dans son livre de 1971, Overfed But Undernourished [Trop gros mais Sous-alimenté]. Manger moins peut aggraver cet état, sauf si l’on se préoccupe de la qualité des aliments au lieu de ne se soucier que de leur quantité.
De nombreuses personnes — y compris des docteurs — supposent que si l’on perd du poids, on perd de la graisse. Il n’en va pas nécessairement ainsi. Tout régime mettant tous les glucides dans la même catégorie des dangereux. Tout régime ne prenant pas en compte la qualité des glucides et ne faisant pas la distinction cruciale entre les glucides naturels, non raffinés, comme, les céréales complètes et les légumes, et les glucides raffinés par l’homme comme le sucre et la farine blanche, est dangereux. Tout régime incluant du sucre raffiné et de la farine blanche, quel que soit le nom « scientifique » qu’on leur donne, est dangereux.
Supprimer le sucre et la farine blanche et les remplacer par des céréales complètes, des légumes et des fruits de saison, voilà le cœur de tout régime naturel sensé. Changer la qualité de vos glucides peut changer la qualité de votre santé et de votre vie. Si vous mangez des aliments naturels de bonne qualité, la quantité a tendance à se réguler d’elle-même. Personne ne va manger une demi-douzaine de betteraves à sucre ou une caisse entière de cannes à sucre. Et quand bien même, ce sera moins dangereux que quelques grammes de sucre.
Toutes les sortes de sucres — les sucres naturels, tels que ceux que l’on trouve dans le miel et les fruits (le fructose), tout comme le sucre blanc raffiné (le saccharose) — ont tendance à bloquer la sécrétion des sucs gastriques et à avoir un effet inhibiteur sur le métabolisme naturel. Les sucres ne sont pas digérés dans la bouche, comme les céréales, ou dans l’estomac, comme la chair animale.
Lorsqu’on les consomme seuls, ils passent dans l’intestin grêle après avoir rapidement traversé l’estomac. Lorsqu’on les consomme avec d’autres aliments — peut-être de la viande et du pain dans un sandwich — l’estomac les retient pendant un moment. Le sucre contenu dans le pain et le Coca-Cola reste là aux côtés du hamburger et du petit pain, attendant que ces derniers soient digérés. Pendant que l’estomac s’occupe de la protéine animale et de l’amidon raffiné du pain, le surcroît de sucre garantit presque à coup sûr une rapide fermentation acide, vu les conditions de chaleur et d’humidité qui existent dans l’estomac.
Un morceau de sucre dans votre café après votre sandwich suffit à faire fermenter tout ce qui se trouve dans votre estomac. Un soda avec un hamburger surfit à transformer votre estomac en distillerie. Du sucre dans vos céréales — que vous les achetiez déjà sucrées dans le paquet ou que vous rajoutiez le sucre vous-même — garantit presque à coup sûr une fermentation acide.
Depuis le commencement du monde, on a observé des lois naturelles, dans les deux sens du terme, lorsqu’il s’agissait d’associer des aliments différents. On a observé des oiseaux qui mangeaient des insectes à un certain moment de la journée et des graines à un autre moment.
D’autres animaux ont tendance à manger un seul type d’aliment à la fois. Les animaux carnivores consomment leur protéine toute crue et à l’état brut.
En Orient, la coutume est de manger le yang avant le yin. De la soupe de miso (protéine de la graine de soja férmentée, du yang) au petit déjeuner ; du poisson cru (encore une protéine yang) au début du repas ; puis vient le riz (qui est moins yang que le miso et le poisson) ; et ensuite les légumes qui sont ying. Si vous mangez un jour avec une famille japonaise traditionnelle et si vous ne respectez pas cet ordre, les Orientaux (si ce sont vos amis) vous corrigeront courtoisement mais fermement.
La loi observée par les Juifs orthodoxes interdit de nombreuses associations d’aliments dans un même repas, elle interdit en particulier d’associer la viande et les produit laitiers.
Des ustensiles spéciaux pour les repas à base de produits laitiers et des ingrédients différents pour les repas à base de viande renforcent ce tabou à la source même de l’alimentation qu’est la cuisine.
L’homme a appris très tôt dans ce domaine ce que de mauvaises associations d’aliments pouvaient faire au corps humain. Lorsqu’il avait mal à l’estomac parce qu’il avait associé un fruit cm à des céréales, ou du miel à du porridge, il n’attrapait pas une pastille antiacide. Il apprenait à manger autrement. Lorsque la gloutonnerie et les excès devinrent monnaie courante, on invoqua des codes et des commandements religieux qui allaient à leur encontre. La gloutonnerie est un péché capital dans la plupart des religions ; mais il n’existe aucun avertissement ou commandement religieux spécifique à l’encontre du sucre raffiné parce que l’abus de sucre — comme l’abus de drogues — n’est apparu sur la scène mondiale que bien des siècles après la publication des livres saints.
« Pourquoi devons-nous accepter comme normal ce que nous trouvons chez une race d’êtres humains malades et affaiblis ? » demande le docteur Herbert M. Shelton.
« Devons-nous toujours considérer comme normales les pratiques alimentaires actuelles des hommes civilisés ?…
Selles fétides, selles molles, selles compactes, selles granuleuses, beaucoup de flatulences, colite, hémorroïdes, sang dans les selles, avoir besoin de papier toilette est devenu presque normal . »8
Lorsque les amidons et les sucres complexes (comme ceux contenus dans le miel et les fruits) sont digérés, ils se décomposent en sucres simples appelés « monosaccharides », qui sont des substances utilisables — des nutriments.
Lorsque les amidons et les sucres sont consommés ensemble et subissent une fermentation, ils se décomposent en dioxyde de carbone, en acide acétique, en alcool et en eau. A part l’eau, tous ces éléments sont des substances inutilisables — des poisons.
Lorsque les protéines sont digérées, elles se décomposent en acides aminés, qui sont des substances utilisables — des nutri-ments. Lorsqu’on consomme des protéines avec du sucre, elles se putréfient ; elles se décomposent en une variété de ptomaïnes et leuœmaïnes, qui sont des substances inutilisables — des poisons.
La digestion enzymatique des aliments les prépare a être utilisés par notre corps. La décomposition bactérienne les rend impropres à être utilisés par notre corps. Le premier processus nous apporte des nutriments ; le second nous apporte des poisons.
Une grande partie de ce qui passe pour être une alimentation moderne est obsédée par le calcul quantitatif. On traite le corps comme un compte-chèques. Déposez des calories (comme vous déposez des dollars) et retirez de l’énergie.
Déposez des protéines, des glucides, des graisses, des vitamines et des minéraux — en quantité équilibrée — et le résultat doit être, théoriquement, un corps en bonne santé.
Aujourd’hui, les gens se disent en bonne santé s’ils sont capables de sortir de leur lit, d’aller au bureau et de pointer. S’ils en sont incapables, ils appellent le docteur pour obtenir des indemnités maladie, une hospitalisation ou une cure de repos le tout, depuis une journée de paye sans travailler jusqu’à un rein artificiel, aux frais du contribuable.
Mais quel intérêt si les calories et les nutriments théoriquement indispensables sont consommés tous les jours, et si pourtant cette accumulation d’aliments choisis au hasard, en vitesse, à l’heure du casse-croûte, fermente et se putréfie dans l’appareil digestif ? A quoi bon remplir le corps de protéines, seulement pour qu’elles se putréfient dans le canal gastro-intestinal ? Les glucides qui fermentent dans l’appareil digestif sont transformés en alcool et en acide acétique, et non en monosaccharides faciles à digérer.
« Pour que l’on puisse tirer une valeur nutritive des aliments consommés, il faut qu’ils soient faciles à digérer, » a averti Shelton il y a des années. « II ne faut pas qu’ils pourrissent. »
Bien sûr, le corps peut se débarrasser des poisons grâce à l’urine et aux pores ; la quantité de poison contenue dans l’urine constitue une indication de ce qui se passe dans l’intestin. Le corps développe bien une tolérance à ces poisons, tout comme il s’adapte peu à peu à la consommation d’héroïne. Mais, dit Shelton, « l’inconfort dû à l’accumulation de gaz, la mauvaise haleine, et les odeurs fétides et désagréables sont aussi indésirables que les poisons ».9
LE SUCRE ET LA SANTE MENTALE
A l’âge des ténèbres, on enfermait rarement les âmes dérangées parce qu’elles avaient perdu la tête. Un tel enfermement a commencé au siècle des Lumières, après que le sucre fut passé de l’ordonnance de l’apothicaire à la recette du confiseur. « Le grand internement des fous », ainsi que le qualifie un historien, 10 a commencé à la fin du XVIIe siècle, après que la consommation de sucre en Grande-Bretagne fut passée en 200 ans d’une pincée ou deux dans un tonneau de bière, ça et là, à plus de deux millions de livres par an. A cette époque, à Londres, les médecins avaient commencé à observer et à répertorier les signes physiques incurables et les symptômes du « blues du sucre ».
Pendant ce temps, lorsque les consommateurs de sucre ne manifestaient pas de symptômes physiques incurables évidents et que les médecins étaient perplexes sur le plan médical, on ne décrétait plus que les patients étaient ensorcelés, mais plutôt qu’ils étaient fous, déments, caractériels.
Paresse, fatigue, débauche, mécontentement parental — un seul de ces problèmes a suffi à faire enfermer des personnes de moins de vingt-cinq ans dans les premiers hôpitaux psychiatriques parisiens. Tout ce qu’il fallait pour être incarcéré était une plainte émanant des parents, de proches ou du tout-puissant prêtre de la paroisse. Des nourrices avec leurs bébés, des jeunes filles enceintes, des enfants attardés ou mentalement déficients, des personnes âgées, des paralytiques, des épileptiques, des prostituées ou des fous furieux — toute personne que l’on ne voulait plus voir dans les rues était mise à l’écart. L’hôpital psychiatrique, méthode de contrôle social plus éclairée et plus humaine, a succédé à la chasse aux sorcières et aux hérétiques.
Médecins et prêtres faisaient le sale travail de balayage des rues en échange de faveurs royales.
Au départ, lorsqu’on a créé l’Hôpital Général à Paris par décret royal, un pour cent de la population de la ville a été enfermé. Depuis cette époque et jusqu’au XXe siècle, comme la consommation de sucre n’a cessé d’augmenter — en particulier dans les villes — le nombre de gens mis à l’écart à l’Hôpital Général a fait de même. Trois cents ans plus tard, on peut transformer les « personnes ayant des troubles de l’affectivité » en automates ambulants, en contrôlant leur cerveau avec des psychotropes.
Aujourd’hui, les pionniers de la psychiatrie orthomoléculaire, comme les docteurs Abram Hoffer, Allan Cott, A. Cherkin ainsi que le docteur Linus Pauling, ont confirmé que la maladie mentale est un mythe et que les troubles de l’affectivité peuvent simplement être le premier symptôme de l’évidente incapacité du système humain à gérer le stress causé par la dépendance au sucre.
Dans Orthomolecular Psychiatry [La Psychiatrie orthomoléculaire], le docteur Paulin écrit : « Le fonctionnement du cerveau et des tissus nerveux dépend de la vitesse des réactions chimiques de façon plus sensible que le fonctionnement d’autres organes et tissus. Je crois que la maladie mentale est en majeure partie due à une vitesse anormale des réactions, vitesse déterminée par la constitution génétique et le régime, ainsi qu’à des concentrations moléculaires anormales de substances essentielles… Il se peut que le choix des aliments (et des médicaments), dans un monde qui est en train de connaître de rapides changements scientifiques et technologiques, soit souvent loin d’être le meilleur. »11
Dans Megavitamin B3 Therapy for Schizophrenia [Soigner la schizophrénie par la mégavitamine B3], le docteur Abram Hoffer note : « On conseille aussi aux patients de suivre un bon programme alimentaire en réduisant le saccharose et les aliments riches en saccharose. »12
Des recherches cliniques sur des enfants hyperactifs et psychotiques, ainsi que sur des enfants présentant des lésions cérébrales et des difficultés d’apprentissage, montrent : « Un nombre anormal de diabétiques dans la famille — c’est-à-dire des parents et des grands-parents qui ne peuvent pas assimiler correctement le sucre ; une occurrence anormalement fréquente d’un faible taux de glucose, ou d’une hypoglycémie fonctionnelle chez les enfants eux-mêmes, ce qui indique que leur système ne peut pas assimiler correctement le sucre ; une dépendance à une importante quantité de sucre dans le régime de ces mêmes enfants incapables de l’assimiler correctement.
« Une investigation dans les habitudes alimentaires de patients décrétés schizophrènes révèle que le régime qu’ils ont choisi est riche en bonbons, sucreries, gâteaux, café, boissons caféinées, et aliments préparés avec du sucre. Ces aliments, qui stimulent les glandes surrénales, devraient être éliminés ou sérieusement réduits. »13
L’avant-garde de la médecine moderne a redécouvert ce que les humbles sorcières avaient appris il y a fort longtemps en étudiant minutieusement la nature.
« En plus de vingt ans de travail en psychiatrie », écrit le docteur Thomas Szasz, « je n’ai jamais connu de psychologue clinicien qui rapporte, en se basant sur un test de personnalité, que le sujet est une personne normale, saine d’esprit. Alors que certaines sorcières auraient pu survivre à une épreuve très dure, aucun « fou » ne survit aux tests psychologiques… il n’existe aucun comportement ni aucune personne qu’un psychiatre moderne ne puisse pas de façon plausible diagnostiquer comme anormal ou malade. »14
II en était ainsi au XVIIe siècle. Une fois que l’on avait fait venir le docteur ou l’exorciste, on faisait pression sur lui pour qu’il fasse quelque chose.
Lorsqu’il essayait mais ne réussissait pas, le pauvre patient devait être mis à l’écart. On dit souvent que les chirurgiens enterrent leurs erreurs. Les médecins et les psychatres les mettent à l’écart ; ils les enferment.
Dans les années 1940, le docteur John Tintera a redécouvert l’importance vitale du système endocrinien, en particulier des glandes surrénales, dans la « pathologie mentale » – ou « ramollissement du cerveau ».
Parmi 200 cas suivant un traitement contre l’insuffisance (le manque d’une sécrétion hormonale adéquate de la corticosurrénale ou un déséquilibre entre les hormones sécrétées par cette glande), il a découvert que ses patients se plaignaient souvent des mêmes choses que les personnes dont le système était incapable d’assimiler correctement le sucre : fatigue, nervosité, dépression, appréhension, besoin maladif de sucreries, incapacité à tenir l’alcool, incapacité à se concentrer, allergies, tension artérielle basse. Le blues du sucre !
Le docteur Tintera a finalement insisté pour que tous ses patients se soumettent à un test de tolérance au glucose (TTG) de quatre heures afin de découvrir s’ils étaient ou non capables d’assimiler correctement le sucre. Les résultats ont été si effarants que les laboratoires ont vérifié à deux fois leurs méthodes, s’excusant alors pour ce qu’ils considéraient comme des lectures incorrectes. Les courbes basses et plates trouvées chez de jeunes adolescents perturbés les stupéfièrent. Ce test de laboratoire n’avait auparavant été effectué que sur des patients dont les résultats physiques laissaient penser qu’ils souffraient de diabète.
La définition que donne Borland de la schizophrénie (la démence précoce de Bleuer) contient l’expression « souvent diagnostiquée pendant l’adolescence ou peu de temps après », et plus loin, au sujet de l’hébéphrenie et de la catatonie, « apparaissant peu de temps après le début de la puberté ».
Il pourrait sembler que. ces états apparaissent ou s’aggravent lors de la puberté, mais en fouillant dans le passé du patient, on trouvera souvent des signes qui étaient présents à la naissance, au cours de la première année de la vie, à l’âge préscolaire et durant l’école primaire. Chacune de ces périodes a son propre tableau clinique caractéristique. Ce tableau s’accentue souvent à la pubescence et c’est souvent pour cette raison que les responsables scolaires se plaignent de délinquance juvénile ou de résultats décevants.
Un test de tolérance au glucose à n’importe laquelle de ces périodes pourrait alerter les parents et les médecins et pourrait éviter les innombrables heures et les petites fortunes passées à chercher dans le psychisme de l’enfant et l’entourage familial des déséquilibres plus ou moins importants dans le développement émotionnel de l’enfant moyen.
Le négativisme, l’hyperactivité et un refus obstiné de la discipline sont des signes essentiels pour au moins effectuer les tests en laboratoire les plus indispensables : analyse d’urine, numération globulaire et le test de tolérance au glucose de cinq heures. On peut effectuer un TTG sur un jeune enfant à raide du microscope sans trop traumatiser le patient. En fait, j’insiste pour que ces trois tests soient systématiques chez tous les patients, avant même de se pencher sur leur passé médical ou de les examiner.
Dans presque tous les débats sur la dépendance à la drogue, l’alcoolisme ou la schizophrénie, on affirme qu’il n’y a pas de type d’individu précis destiné à devenir la proie de ces afflictions. De façon presque universelle, on déclare que tous ces individus sont immatures sur le plan émotionnel.
Notre objectif est depuis longtemps de persuader chaque médecin, qu’il soit axé sur la psychiatrie, la génétique ou la physiologie, de reconnaître qu’un type d’individu endocrine est impliqué dans la majorité de ces cas : l’individu souffrant d’une insuffisance corticosurrénale.15
Tintera a publié plusieurs journaux médicaux mémorables. A maintes reprises, il a souligné que l’amélioration, le soulagement, l’atténuation ou la guérison « dépendaient du rétablissement du fonctionnement normal de l’organisme tout entier ». Ce qu’il prescrivait en premier comme traitement c’était un régime. A maintes reprises encore, il a dit que « l’on n’insisterait jamais assez sur l’importance du régime ». Il a interdit de façon radicale et définitive de prendre du sucre sous toutes ses formes.
Tandis que le Portugais Egas Moniz recevait le prix Nobel pour avoir inventé la lobotomie comme traitement contre la schizophrénie, la récompense par Tintera allait être un harcèlement et une attaque acharnée de la part des pontifes des syndicats de médecins. Alors que la nette responsabilité du sucre, affirmée par Tintera, dans ce que l’on appelait la « schizophrénie » pouvait se limiter aux journaux médicaux, on a laissé ce docteur tout seul, on l’a ignoré. On pouvait le tolérer — s’il restait dans le domaine qui lui avait été attribué, l’endocrinologie. Même lorsqu’il suggéra que l’alcoolisme était lié aux glandes surrénales qui avaient été abîmées par un excès de sucre, on l’a laissé tout seul ; parce que les médecins avaient décidé qu’ils ne pouvaient rien tirer de l’alcoolisme si ce n’est de l’exaspération, ils ont accepté de laisser ce problème aux Alcooliques Anonymes. Cependant, lorsque Tintera a osé suggérer dans un magazine de vulgarisation qu’« il est ridicule de parler de différentes sortes d’allergies alors qu’il n’en existe qu’une seule sorte, qui correspond à la détérioration des glandes surrénales… par le sucre », on n’a pas pu continuer à l’ignorer.
Les allergologues en ont payé les pots cassés. Des personnes souffrant d’allergies s’amusaient depuis des années avec de grandes histoires d’allergies exotiques — n’importe quoi, depuis les plumes de cheval jusqu’aux queues de homard. Puis arrive quelqu’un qui tient un tout autre discours : supprimez-leur le sucre et tenez-les en éloignés. Peut-être que la mort prématurée de Tintera à l’âge de cinquante-sept ans en 1969 a permis à la profession médicale d’accepter plus facilement des découvertes qui avaient jadis semblé aussi avant-gardistes que la thèse médicale orientale pourtant toute simple de la génétique et du régime, thèse du yin et du yang.
Aujourd’hui, les docteurs du monde entier répètent ce que Tintera a annoncé il y a des années : on ne devrait laisser personne, mais vraiment personne, à aucun endroit et à aucun moment, entreprendre ce que l’on appelle un » traitement psychiatrique « , tant qu’un test de tolérance au glucose n’a pas été pratiqué pour découvrir si la personne peut assimiler correctement le sucre.
La médecine dite préventive va plus loin et suggère que, puisque nous pensons qu’il nous suffit d’avoir au départ des glandes surrénales solides pour assimiler correctement le sucre, pourquoi attendre qu’elles nous donnent des preuves et des signes de faiblesse ? Débarrassez-vous de ce fardeau maintenant en éliminant le sucre sous toutes ses formes, en commençant par le soda gazeux que vous tenez à la main.
On croit vraiment rêver lorsqu’on jette un coup d’œil sur ce qui passe pour être l’histoire de la médecine. Au fil des siècles, on a brûlé vives des âmes agitées parce qu’on les disait ensorcelées, on en a exorcisé parce qu’on les disait possédées, on en a enfermé parce qu’on les disait démentes, on en a torturé parce qu’on les disait victimes de folie masturbatoire, on en a soigné en psychiatrie parce qu’on les disait atteintes de psychoses, on a pratiqué une lobotomie chez certaines parce qu’on les disait schizophrènes. Combien de patients auraient-ils écouté si le guérisseur du coin leur avait dit que la seule chose dont ils souffraient était le blues du sucre ?
Notes de l’éditeur :
Cet article a été réalisé à partir d’extraits du livre Sugar Blues ( Le Blues du sucre), écrit en 1975 par William Dufty ; en particulier à partir des chapitres « In Sugar We Trust » [« Nous avons confiance dans le sucre »], « Dead Dogs and Englishmen » [« Les chiens morts et les Anglais »] et « What thé Specialists Say » [« Ce que disent les spécialistes »]. Ce livre a été publié pour la première fois par la Chilton Book Company, Padnor, Pennsylvanie, Etats-Unis. Warner Brooks, SARL, New York, en a publié une édition en 1976 et l’a réédité en avril 1993, mais, d’après ce que nous avons cru comprendre, le livre est actuellement épuisé et l’auteur, William Dufty, est décédé.