« Tu sais, moi, je suis un ventre! » Ils sont nombreux, et vous en faites peut-être partie, les amateurs de bonne chère, à avoir prononcé cette phrase auprès de leur entourage -histoire notamment de préparer psychologiquement le dit entourage au terrible moment où ils auront effectivement faim.
Il se trouve que ces personnes, qui semblent totalement dépendantes de leurs variations stomacales, sont peut-être bel et bien manipulées par leur ventre. Ou du moins, par les bactéries qui s’y trouvent.
A en croire Carlo Maley, co-auteur d’une étude américaine tout juste publiée dans la revueBioEssays, «les bactéries présentes dans les intestins peuvent être manipulatrices.» Et le site Science Daily, qui relaie ses conclusions, de poursuivre:
« Les microbes influencent le comportement alimentaire et les choix diététiques des humains dans le but de favoriser la consommation des nutriments permettant pour eux une meilleure croissance au lieu de simplement vivre de manière passive des nutriments qui se trouvent sur leur chemin. »
Vous ne le savez peut-être pas, mais tout un tas de bactéries batifolent dans votre ventre: « les intestins à eux seuls contiennent 1014 bactéries« , peut-on lire dans une étude publiée en 2005. Si cette présence vous donne des haut-le-coeur, dites vous que sans ces micro-organismes, vous seriez certainement bien mal en point, dans la mesure où ils contribuent activement à notre survie.
Ces bactéries forment ce qu’on appelle un microbiome, et ont chacune des besoins spécifiques, comme le précise Science Daily:
« Certaines préfèrent le gras, d’autres le sucre, par exemple. »
D’autres encore adorent les algues: c’est le cas de bactéries identifiées dans le ventre des Japonais en 2010!
Ces organismes s’arrangeraient donc pour nous faire savoir leurs préférences, en secrétant certaines molécules dans nos intestins, eux-mêmes reliés «aux systèmes immunitaire, endocrinien et nerveux», explique le site I Fucking Love Science. De telle façon que les désidérata microbiens se retrouvent dûment expédiés au cerveau, estiment les chercheurs à l’origine de l’étude, cerveau qui passe ensuite la commande. Ce qui pourrait en partie expliquer certaines habitues alimentaires, ou envies, irrépressibles.
Fort heureusement, précisent les chercheurs, le mécanisme marche dans les deux sens. De la même manière que les bactéries nous dictent quoi manger, nous pouvons en dégager certaines en changeant de régime alimentaire. « C’est un écosystème complet, qui évolue à l’échelle de quelques minutes, poursuit Carlo Maley. […] En altérant délibérément ce que nous ingérons, il est possible de mesurer des changements dans le microbiome dans les 24 heures. »
Des observations que les scientifiques espèrent depuis longtemps pouvoir utiliser pour aider à lutter contre les problèmes d’obésité. Pour pourquoi pas, à terme, envisager un cocktail de bactéries personnalisé. Comme nous l’écrivions déjà en 2012:
« Chacun, en fonction de la nature et de la composition de son microbiote, se verrait alors conseiller un régime adéquat pour garder la ligne et se maintenir en bonne santé. »
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